Cela fait maintenant six ans que je filme Ertil dans sa lutte pour sauver son immeuble. La décision tombe. Ce dernier sera finalement détruit, ajoutant une friche/ trou/ rupture/ coupure de plus dans le Paysage d'Istanbul.

D’un côté, il y a une ville bercée par la peur d’un tremblement de terre. Une ville où les couches de l’histoire reposent les unes sur les autres. Une ville remuée par les projets de transformation urbaine.

De l’autre côté, il y a Ertil, mon grand-père, un architecte très actif lors de la modernisation de la Turquie des années 60, aujourd’hui à la retraite. Cela fait des années qu’il n’a plus de commande, mais tous les jours, il crée des projets en trois dimensions pour des clients imaginaires.

Au milieu il y a moi, partie en France il y a 10 ans pour faire des études de cinéma. Je me rapproche de ma ville, de ma famille et creuse un sillon pour tenter de comprendre le lien étroit entre l’architecture et la mémoire. Je plonge dans les archives vhs d’Ertil, dans ses projets imaginaires et utopiques, dans les recoins inconnus de la ville qui m’en apprennent autant sur moi que sur l’histoire de mon pays. Ertil, Maître des complications, trace le portrait d’un homme et celui d’une ville jusqu’à leur rencontre.