EUROPA INCH'ALLAH
Stephanos Mangriotis, Laurence Pillant
«Passer la frontière : l'état de transit et d'attente.»
Patras est un lieu de transit. Cette ville portuaire à l’ouest de la Grèce, concentre de nombreux migrants, venus d’Afghanistan, d'Irak, d’Iran, d’Érythrée, de Somalie, du Soudan, de l'Algérie et du Maroc. Ils guettent le moment adéquat pour se cacher dans un camion afin de monter à bord d’un bateau pour l'Italie. Déterminés, mais confrontés à la peur d'être attrapés, ils attendent des mois, voire des années, pour passer cette étape de leur voyage clandestin. Tout en sachant que d'autres barrières les attendent sur la route d’une Europe rêvée, « Europa inch’Allah ».
Avant d’appuyer sur le déclencheur il y a un long moment d’échange. Je tente de ne pas faire des images « d’eux » mais des images « avec eux » prises dans un processus de partage. Ma place ici est à la fois derrière et devant l'objectif, j'ai besoin de m'y immerger, de m'y retrouver dans ce contexte. Construites autour d’un mélange entre le style documentaire et la fiction, mes photographies cherchent à identifier les éléments nécessaires pour raconter une histoire.
Des campements improvisés, des hôtels, des bateaux, des quais, des plages, des ruines, des cimetières, autant de lieux exposés dans cette série qui sont en réalité les espaces de vie des migrants de Patras. L’action et la situation tragique des individus ne sont pas mises au centre du propos, ces images privilégient davantage le témoignage, l’état psychologique et les traces laissées par ces passages clandestins.
création sonore :
Une création sonore pour accompagner l'exposition avec des enregistrements de bateaux et de Nourhan qui chante des Mânes ( improvisations vocales ). Montage par Pavlos Gkousios.
Stephanos Mangriotis
textes par Laurence Pillant & Amnesty International
« Les photographies de Stephanos Mangriotis prennent une portée plus universelle, au-delà des frontières de Schengen, dès lors qu'elles se rapprochent ou se distancient de leur sujet : quelques détails, des objets délaissés, une simple posture, un coin de friche, évoquent, sans désigner, un lieu, des personnes dont l'identité semble s'étioler d'autant que le temps passé. Une empathie si discrète, aux portes d'une Europe obstinément sourde » - Zibeline, octobre 2011 -